FESTIVALS
Belluard Bollwerk International / FIFF / Les Georges / B-Sides Festival / LUFF / Nox Orae / Haldern Pop / Transmusicales / Eurosonic-Noorderslag
CLUBS
Petzi / Fri Son / Le Nouveau Monde / Ebullition / La Spirale / L’Amalgame / Le Romandie / Le Bourg / Les Docks / Dampfzentrale / ISC / EXIL / Zukunft / Bogen F / Palace / Südpol
TRADUCTIONS
Anne-Valérie Zuber / Michel Gorski / Georges Wyrsch / Joana De Weck / Mario Corpataux / Benoit Perler / Daniela Gabriel / Lee Staples
GRAPHISME & IMPRESSION
Adeline Mollard / Clemens Piontek / Thibault Brevet / Cric Print / mwae
Police: Rima (Simon Mager / Omnitype)
MÉDIAS
Couleur 3 / Watson / La Liberté / radio fr. / Radio 3Fach / GDS.FM / Loop / zweikommasieben / Daily Rock
SOUTIENS CULTURELS
La Loterie Romande / Agglomeration Freiburg / Pro Helvetia / Fondation SUISA / Swiss Music Export / Düdingen Tourismus / ETEP
SPONSORS & PARTENAIRES
INFO
diverses propositions culinaires
3 scènes
Les boissons seront vendus dans des gobletes consignés à CHF 2.—
OUVERTURE DES PORTES
Jeudi & Vendredi 15h
Samedi 14h
DÉPLACEMENT
EN VOITURE
Voir également accès
Signalisation à partir de la sortie d’autoroute de Düdingen.
Parking coûte CHF 5.—
TRAIN
Le Site est atteignable à pied depuis la gare en 15 minutes.
Horaire www.cff.ch
BUS NAVETTES
Bus navettes raillant Fribourg ainsi que Berne dès 02h
Prix direction Fribourg CHF 8.—
Prix direction Berne CHF 15.—
ORGANISATEUR
TonVerein Bad Bonn
Bonn 2, P.O. Box 17, CH-3186 Düdingen
+41 26 493 11 15
info@badbonn.ch
DORMIR
Une réservation est obligatoire pour le camping! Vous y trouverez des containers pour le PET, le verre, alu et autres déchets. Merci de trier. Il y en des douches sur place.
Les tentes doivent être démontées à dimanche, 3 juin 2018 à 12h.
->Reservation<-
HÔTEL
Hotel Flamatt, Flamatt
www.hotelflamatt.ch
+41 31 741 06 60
Hotel Moléson, Flamatt
www.moleson-flamatt.ch
+41 31 741 02 40
Hotel Elite, Fribourg
www.elitefribourg.ch
+41 26 350 22 60
Hotel Aux Remparts, Fribourg
www.hotel-remparts.ch
+41 26 347 56 56
Hotel Alpha, Fribourg
www.alpha-hotel.ch
+41 26 322 72 72
Ibis, Granges-Paccot
www.ibishotel.com
+41 26 469 79 00
Montage
Galerie © Patrick Principe
Démontage
Galerie © Patrick Principe
Kein refrain at all.
Le chat reste à Guin.
Musik aus Thermoskrügen.
Dancing on the novilon.
To be or to R’n’B.
It is a mainsdream.
A plaisir.
Not a meeting.
Une piste de plus en plus étroite nous emmène du village vers le lac. Aux bords de ce chemin, des maisons qui, derrière les rideaux nous promettent leur propre petit monde de plats fribourgeois, de Novilon ou de thermos remplis. Puis viennent les champs, les erreurs. On s’approche des beats. Ici, le vent souffle comme s’il s’agissait d’une question de survie. Jusqu’à ce qu’il disparaisse et que le chemin se perde. On sent le lac, on entend de drôles d’oiseaux qui sifflent, on a l’impression qu’on n’a pas fini de grandir. Les sons jouent des mélodies. Les souvenirs d’un disque compact sont éveillés. Un logo, une logique. Quiconque n’a pas vécu les années nonante pourra se les inventer. Une fois ce rythme embrassé, l’arrivée sur la planète musique sera magnifique. Est-ce que quelqu’un se rappelle du nom du chat de cette époque??
Sous la supervision d’orchestres, de haut-parleurs, d’extraterrestres et de chœurs, on entend des tambours, des raps, des protestations et des chants intenses. P. C. ZUMTHOR sonne l’alarme avec sa passion?! Ce jazz du passé qui parle des lendemains qui ne se sont jamais produits de AHMED MALIK ressemble à un virus. SEVDALIZA éteint la lumière. Son RnB surréaliste sonne aussi bien visuellement. La techno impitoyable de GIANT SWAN, la révolution de la club culture africaine de FAKA, NIHILOXICA ou TSHEGUE, et PAN DAIJING avec une pièce radiophonique surréaliste et psychédélique. Ils embarrassent tous le centre. Il n’y a pas de province dans la musique. Just for fake. Au point d’en perdre l’orientation. Les groupes de pays différents ne sont pas toujours alignées clairement. Des surprises se produisent dans l’aprèsmidi, pendant le repas, ou tôt le matin, quand les corbeaux racontent la soirée. Vous pouvez manquer le néant. Il n’y pas de têtes d’affiche. Juste trois piliers : Les échos clairs de JOHN MAUS. Les héros du futur qui entourent HOLDEN et le géant des chœurs: LE MYSTÈRE DES VOIX BULGARES FT. LISA GERRARD. L’inachevé est dans la poésie, dans la danse, dans la maison et sur la véranda autour d’une sub-sculture imaginaire.
Nous avons peur que les gens pensent que nous savons quelque chose. En fait, pour nous, c’est l’attitude qui compte. Ce qui ne fait pas rire tout le monde en même temps. La bonne humeur, l’engagement et la fiabilité de notre équipe font en sorte que quelque chose réussisse. Nos influenceurs et influencatrices.
Faisons une connerie. Les gens deviennent plus humains quand ils échouent, et quand ils gardent un peu leurs esprits de petits enfants.
Le Kilbi est devenu une affaire sans problèmes. Elle va en transe! Débarrassons-nous du refrain! This place is a gu(i)n?!
Nous vous disons merci et célébrons la différence de chacune et chacun.
Tonverein Bad Bonn
Daniel Fontana
PS?: L’avenir vous appartient, mais il n’attendra pas. Comme ce chat qui vous demande de sortir au milieu de la nuit.
Est-ce que c’est de la performance ou est-ce que sa place est sur scène ? Comme si on avait le choix! Le Lautsprecher Orchester, c’est les deux à la fois est même plus: la Kilbi à fonds la caisse. En guise de prologue, chaque jour, le festival démarre en trombe: trois scènes, trois journées, trois perfos. La quadriphonie, c’est dépassé, bébé. Ici, toute l’enceinte sert d’instrument. L’orchestre crache par tous les haut-parleurs disponibles et même au-delà. Il n’y a aucun moyen d’y échapper. Conseil de pro : se poster au milieu et se laisser envahir par ce suround-sound next level.
Thomas Jenny
En collaboration avec le Südpol de Lucerne, Schubot/Gradinger feront une performance au lac. Angela Schubot et Jared Gradinger sont les extra-terrestres de la scène de la danse contemporaine mondiale. Ils dépassent régulièrement les limites du possible. Par exemple, ils deviennent un, ils réunissent deux personnes en une seule. Ou bien ils meurent de concert pour permettre à une autre personne de vivre. Ou bien ils communiquent avec des plantes. Des trucs de fou.
Rien que pour le Bad Bonn Kilbi et le B-Sides Festival, ils quittent la scène de théâtre pour partir en pleine nature.
Patrick Müller
Intemporelles. Délicates. Fragiles. Magiques. Sensibles. Tristes. Intenses. D’une rencontre importante à un souvenir volatile, d’une mélodie oubliée à un rêve disparu, les chansons de Melissa Kassab déploient leur kaléidoscope émotionnel dans nos corps réceptifs. Avec son jeu de guitare épuré et son timbre vocal venu d’un temps suspendu, elle partage son monde, l’idée qu’elle s’en fait et la façon dont elle le perçoit. Sa musique est de partout et de nulle part. Une musique défiant la pesanteur. Flottante. Métissée. Colorée. Douce. Fragile. Délicate. Intemporelle.
Dejan Gacond
Avec le meilleur nom de Dj de l’univers, cet homme à tout faire n’a en réalité plus vraiment besoin d’être présenté à la Kilbi. C’est une sorte de Bacchus en territoire bad bonnien. Il arbore la couronne de la disco avec un gros c : c pour culte, chatoyant et collaborations – jusqu’à la cuite after dance – on pourrait aussi dire cactus dans le cul ou coït dans un coin. Sans rire: DJ Fett va à tout les coups assurer comme chaque année – digne homme machine à musique et rock’n’roll.
Stoph
Pour concevoir une bande sonore pour le Jugement dernier, il faudrait passer la commande à ce duo Suisse. Steve Buchanan et Maxime Hänsenberger sont Friendly Fire – nomen est omen. Fire Friendly. Ils ne prennent pas de prisonniers. Nul n’est à l’abri des explosions de saxophone larsen comme des guitares de drones laser et des feux de leur percussion. Les hauts parleurs omnidirectionnels crachent tout autour des charges de gros calibre sans crainte de surchauffe. Get what’s coming!
Samuel Riedo
East Sister serait le nom d’une île inhabitée du lac Érié. Un nom approprié pour ce jeune groupe de Lucerne et de Genève qui réside à Bâle. La solitude sur une telle île, des sons apaisants. Voici ce qu’il faut pour que votre propre imagination fasse une percée pour vous mettre dans un état où vous pouvez rêver de tout ce qui est imaginable. Voici ce que font les joyaux de dream-pop de Laura Schenk (claviers / voix), Lorraine Dinkel (guitare / chant) et Amadeus Fries (batterie). Ils offrent le constat que la paix peut donner naissance à une force sécurisante.
Ivo Stritt
Dans l’histoire de la musique, celle de l’Orchestre les Mangelepa est particulièrement intéressante. Il a été un des groupes les plus populaires de l’ouest africain au cours des années 1970, ce qui lui a valu une renommée dépassant largement le continent africain. 41 ans après sa création, l’orchestre – en tournée pour son dernier album «Last Band Standing» (littéralement) – est enfin visible sur les scènes européennes. Cela promet un voyage dans le temps quand, jadis, la rumba était à la mode sur les dancefloors congolais. Leurs sons hypnotiques-chill agrémentés de chants aigre-doux séduisent aujourd’hui encore.
Damian Hohl
Ce duo de Johannesburg a inscrit d’emblée la révolte dans le nom du groupe: Faka veut dire «pénétrer» – et c’est à la conquête de visibilité pour les identités sexuelles différentes en Afrique postcoloniale que sont partis Fela Gucci et Desire Marea. C’est pourquoi Faka, qui mélangent Club Sound et Black Music spirituelle en une Rave tribale enivrée, se considèrent également comme des performeurs: lors de leurs passages sur scène, souvent dans des galeries d’art, ils n’essaient pas que des perruques et des pièces de haute couture mais aussi toute une palette de rôles genrés.
Lena Rittmeyer
Les troubles politiques et la corruption étaient à l’ordre du jour en Tunisie déjà bien avant la révolution de jasmin, dont le point de départ, en 2010, fut l’immolation d’un marchand de légumes. Deena Abdelwahed, comme des milliers de ses compatriotes, a pris le chemin de l’Europe en espérant trouver des perspectives pour la réalisation de ses idées et de son droit d’évoluer. Les morceaux techno pleins de basse et multicouches de cette productrice se sont enrichis sur le sol français des traces de sons et de rythmes arabes traditionnels. Le label parisien Infiné Music offre une bonne place dans un environnement propice (entre autres Apparat, Rone, Francesco Tristano) pour l’évolution de ces sombres dystopies.
Fabienne Schmuki
Pour savoir à quoi ressemble la musique de ce groupe encore jeune – Here Lies Man – répondons avec une question: Est-il possible de s’imaginer Black Sabbath en mode afrobeat? Dans les années 70’, le mariage de rock psychédélique et de rythmes africains passait pour du «zamrock». En comparaison les mantras que produit la lourde guitare électrique de Marco Garcia – un musicien qui fait également parti du collectif Afrobeat Antibalas – sont bien plus agressifs. Le percussionniste Geoff Mann, fils du flûtiste de jazz Herbie Mann, donne du tonus aux accords de funk répétitifs et pousse cet afrobeat au groove gracieux vers le heavy rock.
Lena Rittmeyer
L’imprésentable. Ayant baladé ses trois platines aux quatre coins de l’Europe, roulé sa bosse sur tant de dancefloors et récolté tant de trésors, Dj Marcelle est l’immanquable du festival! No rules, no fear, no limits! On traverse avec la roublarde néerlandaise tout les genres et tout les temps. Elle est une artiste, une génie, loin des modes dont elle fait fi, au gout éclairé, imprévisible et donc ainsi, géniale, certifiée sans « beat-boring-matching » selon ses dires. Un vrai travail d’orfèvre, toujours à la pointe, qui tient la foule transie, euphorique, jusqu’au bout de la nuit.
Laure Anne Cossu
Une créature surréelle se trouve sur la couverture du premier album de Nadah El Shazly. Elle est également la figure de proue de ce chef-d’œuvre musical – un saut de lion qui prend départ dans la région du Nil et qui mène vers les infinies étendues de la sonorité. Cette musique paraît être un masque en transformation continue et à niveaux multiples, pleine de couleurs et ouverte à l’expérimentation. Une voix alléchante mène à travers un labyrinthe de compositions. Nadah El Shazly rajoute couche après couche, détail après détail, sans égarer l’auditeur dans une absurdité complète. Il en résulte un changement de perspectives musicales inédit.
Valentin Brügger
Il existe des histoires encore plus anciennes. Des racines, dont les fibres les plus fines atteignent les veines des humains et continuent à évoluer. Dans le village marocain de Jajouka on y trouve depuis la veille des temps l’expression de ce phénomène. Une multitude d’artistes, de musiciens comme d’écrivains ont trouvé le chemin des Master Musicians of Jajouka et ont porté la narration sonore bien au-delà de ses frontières. Des tambours polyrythmiques et des mélodies de flûtes flottantes se tissent autour de la conscience. Les corps se synchronisent avec les mouvements du feu. Les sons et la chaleur montent au ciel et se referment à la manière d’un toit de feuilles d’arbre. Nous devenons un élément de cette histoire.
Valentin Brügger
Un laboratoire de sons placé sur une table et deux fous qui vivent dans un monde à part et qui, dans leur quotidien, ne se privent pas de lâcher de grands cygnes à travers les rues. Ou alors: les amis de la musique électronique et du hardcore punk de Bristol se rencontrent pour une joyeuse démolition de murs. La bande sonore pour cet acte farfelu est livrée par Giant Swan: des rythmes frénétiques, des enfilades de basses qui laissent fondre les semelles et des envois excitants. Vitalisant, en quête de catharsis et d’une attraction exorbitante. On croirait que le publique s’accroche avec la langue à la grille d’une cage de Faraday vibrante. Le cygne maudit a flairé de la viande.
Valentin Brügger
Pour les puristes, Injury Reserve sont peut-être trop tarés, mais pour les amateurs occasionnels de rap, l’équipe se range clairement dans la catégorie hip hop. Les membres du trio de Phoenix ont donc visiblement le cul entre deux chaises, mais cela semble leur convenir. Leur musique sonne intentionnellement bizarre et nouvelle, tout en restant accessible et cool – expliquent-ils – et mettent ainsi assez précisément le doigt sur le ressenti que procure leur son (qui, by the way, a été enregistrée pour une grande partie dans un cabinet de dentiste). Les trap-kids carburant au xanax seront moyennement emballés, ceux qui aiment le hip hop underground aux rythmiques variées risquent en revanche de triper!
Damian Hohl
Comme deux clowns qui dansent une valse triste dans une station d’essence abandonnée: c’est à cela que ressemble la pop intimiste du duo Midnight Sister originaire de Los Angeles. La disco délabrée de Juliana Giraffe et d’Ari Balouzian vibre avec une bonne dose de nostalgie, comme dans une des scènes tirées d’un de leurs clips vidéo: un piano électronique emballe amicalement à la manière d’un orgue de barbarie mis au rancart qui est accompagné d’une percussion bien posée. Juliana Giraffe, avec une voix de diva hollywoodienne vieillissante, évoque les rêves éveillés, les rencontres au clair de lune et une mémoire qui s’estompe.
Lena Rittmeyer
Débarquant de Los Angeles, on retrouve dans le trio Flat Worms Will Ivy (Dream Boys), Tim Hellman (Thee Oh Sees, Sic Alps) et Justin Sullivan (Kevin Morby, The Babies). Les vers viennent de sortir leur premier album et leur Ep «Red Hot Sand» tabassait déjà sévère: du vrai punk à l’américaine, du meilleur cru! Un peu de garage, de la disto, plein de noise sale, un esprit rock’n’roll, des paroles punks, des beats qui bottent le cul et des vidéos d’inspiration dadaïstes… need I go on?
Le Flat Worms sont juste diablement funs!
Sabine Ruch
Bâtir les fondements pour des projections créatives au lieu de documenter le passé : Au centre de la musique excitante d’Ahmed – un nouveau groupe de jazz contenant quatre voix originales – se trouvent les esquisses les plus radicales du futur. Ces musiciens ont repris l’héritage d’Ahmed Abdul-Malik et transportent sa fusion des musiques orientales et occidentales des années 50’ vers un futur très, très lointain. «Music to listen, dance and think to» nous écrit le label Umlaut. Est-ce qu’il y aurait de meilleures perspectives pour le futur que d’apprendre à écouter, à danser et à penser?
Fabienne Schmuki
Ça grésille et ça chuinte à mort mais ce n’est pas des steaks qu’on grille, c’est des câbles, des haut-parleurs et des connexions autant dans la table de mix que dans le cerveau. Pan Daijing, qui a grandi à Guiyang, répand depuis quelques années ses sculptures et performances vocales Noise de Berlin en direction de personnes disposées à vivre des expériences physiques et psychiques limites. Puis en 2017 est sorti son premier album avec des sons qui au premier abord semblaient étonnamment doux, mais dont la répétition entêtée sur la durée développe une présence quasiment torturante, de laquelle on ne peut ni ne veut s’échapper.
Frédéric Auderset
Ils viennent de Baltimore et sur leur 3e album «Interventions» s’entrechoquent des beats africanisants, du saxophone et de la guitare microtonale, pour un résultat légèrement groove. Ils sont la dernière mouture de weirdos «smarty-arty-DIY» – également identifiables en tant que chantres de l’indie du XXIe siècle. Jeunes prodiges, ils réussissent à brouiller les frontières entre composition/improvisation et électronique/performance. D’après ce qui se dit, la cadence polyrythmique des deux batteurs Sam Haberman et Andrew Bernstein (aussi au saxo), la guitare sonnante et trébuchante de Owen Gardner, et les lignes de basse de Max Eilbacher atteignent des sommets pendant leurs concerts à coup sûr énergiques!
Sabine Ruch
Sevdaliza parcourt l’infini des possibles à travers un univers sonore chimérique, éthéré, organique et synthétique. Un monde oscillant d’une ampleur cosmique à des sensations imperceptibles. Questionnant l’humain sur son origine admise comme sur son devenir potentiel, Sevdaliza réfléchit autour du flottement identitaire comme sur le genre ou sur les normes. Une réflexion qui est musicale et philosophique, personnelle et sociétale, portée par la chaleur mélancolique d’une voix sublime. Une voix emplie de la conscience triste d’un monde en quête d’une identité stable.
Dejan Gacond
Est-ce que c’est de la performance ou est-ce que sa place est sur scène ? Comme si on avait le choix! Le Lautsprecher Orchester, c’est les deux à la fois est même plus: la Kilbi à fonds la caisse. En guise de prologue, chaque jour, le festival démarre en trombe: trois scènes, trois journées, trois perfos. La quadriphonie, c’est dépassé, bébé. Ici, toute l’enceinte sert d’instrument. L’orchestre crache par tous les haut-parleurs disponibles et même au-delà. Il n’y a aucun moyen d’y échapper. Conseil de pro : se poster au milieu et se laisser envahir par ce suround-sound next level.
Thomas Jenny
En collaboration avec le Südpol de Lucerne, Schubot/Gradinger feront une performance au lac. Angela Schubot et Jared Gradinger sont les extra-terrestres de la scène de la danse contemporaine mondiale. Ils dépassent régulièrement les limites du possible. Par exemple, ils deviennent un, ils réunissent deux personnes en une seule. Ou bien ils meurent de concert pour permettre à une autre personne de vivre. Ou bien ils communiquent avec des plantes. Des trucs de fou.
Rien que pour le Bad Bonn Kilbi et le B-Sides Festival, ils quittent la scène de théâtre pour partir en pleine nature.
Patrick Müller
Intemporelles. Délicates. Fragiles. Magiques. Sensibles. Tristes. Intenses. D’une rencontre importante à un souvenir volatile, d’une mélodie oubliée à un rêve disparu, les chansons de Melissa Kassab déploient leur kaléidoscope émotionnel dans nos corps réceptifs. Avec son jeu de guitare épuré et son timbre vocal venu d’un temps suspendu, elle partage son monde, l’idée qu’elle s’en fait et la façon dont elle le perçoit. Sa musique est de partout et de nulle part. Une musique défiant la pesanteur. Flottante. Métissée. Colorée. Douce. Fragile. Délicate. Intemporelle.
Dejan Gacond
L’argent brule les doigts et corrompt les cœurs. Mais quand Pony infuse son amour dans le jeu musical, le prix explose. Mais pour qui sait en jauger la valeur, l’argent n’a que peu d’importance. Alors que pour Brigitte, il faut en compter deux. Gael Kyrkiakidis atteint la richesse tout seul, ou presque. Accompagné d’un groupe, l’œuvre est belle aussi, agrémentée d’une voix enchanteresse. Une lolita envoutante, lascive, enjouée et un peu drôle qui s’invite dans le voisinage. Cette musique se laisse prendre. Ou jouer, dans le cas de Pony.
Le duo zurichois Savage Ground, est constitué du proéminent DJ Daniele Cosmo et d’un illustre bonhomme nommé CCO. Tous deux ont dans leur collection d’instruments diverses boîtes de rythmes auxquelles le fabriquant attribue un numéro à 3 chiffres avec toujours un zéro au milieu. En plus, des synthétiseurs modulaires de toutes les textures peuplent le paysage sonore d’une vie artificielle foisonnante. On pourrait appeler cela de la techno expérimentale – et à raison – puisque le label Lux Rec, fondé il y a sept ans par Daniele Cosmo est spécialisé en la matière.
Roger Ziegler
Il y a des domaines en Suisse où l’on fait des économies comme pour attester un manque de créativité; Timo Keller de Hanreti a choisi une voie opposée. Depuis son studio lucernois, il fabrique des albums bigarrés, remplis de hippie-hop, de funk alternative et tout ce qui se fait d’épatant. Même quand l’aube pointe. Et au rythme où ça va, on entend dire que les successeurs sont déjà dans les starting block, bein avant que le premier album soit sorti. On se laisse encore un peu porter par le «Deam Sea Dream».
Stoph
S’il fallait trier la musique de Ziúr, on butterait d’abord sur les méchantes basses et les samples menaçants. La boîte marquée «rage»serait pleine à craquer, tout comme celles marquées «bruyant» et «puissant». La DJ/productrice de Berlin s’en cogne pas mal des sous-genres ou des tempi. Son mix audacieux est si intelligent, qu’il est apte au dancefloor, malgré le chaos sauvage de beats et de rythmes. Ziúr est devenue en un rien de temps la coqueluche de la scène, elle peut notamment compter sur le soutien de Dev Hynes (Blood Orange) ou de Peaches. Pour tous les festivaliers qui aiment les choses ordrées: allez plutôt faire une pause!
Fabienne Schmuki
Harvey Rushmore & The Octopus, un quatuor électrique qui ne jure que par l’expérience, et qui se v(o)it donc sur scène. Cette jeunesse inspirée par les (anti-)héros américains et les bandes sons sixties refuse de se laisser enfermer dans ses carcans. Tentaculaire, le groupe se plait dans l’improvisation, et se laisse la liberté de tous les hasards – donc de toutes les erreurs, ne craignant en rien les références obscures et enterrées avec lesquelles ils s’amusent en de tortueux recoins. La fontaine de jouvence qui abreuve le sacro-saint rock’n roll semble plus que jamais intarissable. Complètement planant.
Laure Anne Cossu
Cette femme est un statement chantant. Les concerts de Lido Pimienta mettent en lumière les minorités, s’adressent à elles, les mettent sous les feux de la rampe. Son dernier LP «La Papessa» lui a valu le prestigieux Polaris Music Prize. Une œuvre d’electro-avantgarde qui place les cultures afro et latino-colombienne sur le devant de la scène. De ce point de vue, le disque articule des éléments des deux pays d’origine de l’artiste: la Colombie et le Canada. En bref: afro-latino-björk multipliée par la foi en un monde meilleur.
Stoph
Visuals by Patrick Conus
Refusant de se limiter à la techno expérimentale, Isolated Lines ajoute aux rythmiques froides et captivantes du style une pointe de groove, un coté trippy totalement hypnotique. Artiste multifacette, ses expériences nocturnes et son énergie sombre et transcendante nourrissent ses productions pleines de subtilités, qui ont su attirer en 2013, avec la parution sur Creaked Records de son premier EP, «Linear Reflection», l’attention de Tommy Four Seven, qui signe un de ses morceaux sur la première compilation de son tout nouveau label 47. On lui compte également un autre EP sur le label lausannois, Stride, en 2014, qui confirme son penchant pour le côté obscur de la force.
Laure Anne Cossu
Andrew Weatherall, roi incontesté de la techno, nous comble depuis déjà près de 3 décennies avec ses sons. Que ce soit en solo, en tant que Sabres of Paradise ou Two Lone Swordsmen, jamais il n’a vendu son âme au mainstream. Il reste, avec son approche de l’IDM, un des musiciens les électroniques les plus innovatifs au monde. Depuis son dernier album «Qualia», il s’oriente toutefois dans une nouvelle ère musicale, qui tend de plus en plus vers la dance – basée sur des drums dynamiques et des basses appuyées, cela laisse pressentir un live de qualité. D’ailleurs il «milite» pour une musique dansante plus lente et moins forte – plus de mélodie et d’atmosphère au lieu du boum-boum.
Sabine Ruch
Les petits poissons se font souvent manger. Laetitia Tamko aka Vagabonm de Brooklyn en parle dans ses chansons même si ça ne semble pas être une image à laquelle elle s’identifie. Elle est plutôt du genre casanière – ou limite ses contacts sociaux aux rencontres avec Frankie Cosmos. Mais ce n’est pas de la fainéantise. C’est l’éveil! La liberté! La propagande! Des guitares qui rencontrent l’ambient et qui font d’elle la nouvelle coqueluche des critiques musicales. Son perfectionnisme lui fait presser elle-même ses disques. Un pas de plus vers la conquête du monde. «Inifinite World» c’est le nom de l’album qui bouffe tout sur son passage et même Pitchfork s’est invité au festin.
Sven Wälti
Pour son dernier projet, Beat Zeller, alias Reverend Beat-Man, s’est associé à des musiciens dont rien que les noms extirperont un «Oh!» chez tous les connaisseurs de la scène musicale suisse: Mario Batkovic à l’accordéon, Julian Sartorius à la batterie, Resli Burri au clavier et, vocalement, le prédicateur sera assisté par la chanteuse américaine Nicole Izobel Garcia. Dans cette combinaison, l’évangélo-folk-blues-trash surréaliste du Révérend est filtré, miné et reconstruit. L’âme pure du rock’n’roll, à laquelle Zeller aspire depuis toujours, brillera plus magnifiquement que jamais.
Ivo Stritt
Quatre garçons, deux filles – et de la révolution dans l’air: Les Downtown Boys de Rhode Island démolissent le mur de Trump avant même sa construction avec rien de moins que la révolte contre le capitalisme au programme. Ce sextuor appartient à une nouvelle génération de groupes américains menés par des femmes fortes (Sheer Mag, Pill, etc.) aux réflexions politiques percutantes. Et ce ne sont pas uniquement les attaques contre Trump qui dévoilent leurs racines sud-américaines. Armé d’un saxophone et d’un tuba, le groupe fonce dans le tas, écrasant tous et toutes au passage. Punk émotif, textes et compositions de haut niveau, mélodieux, hard et rapide, et tout cela sans une once de ska: grandiose.
Mario Corpataux
Entre bourdon évolutif et transe primitive, La Tène torture ses instruments de musée avec soin et dextérité. Percussions, vielle à roue et harmonium indien s’allient, sur fond de nappes électroniques. Le psychédélisme se fait médiéval, le drone n’a plus d’âge et au bout du labyrinthe sonique, on en redemande, prêt à repartir pour un tour. Surtout que pour son second passage à la Kilbi, le trio franco-suisse sera accompagné par des membres du collectif La Novia, également tourné vers les musiques traditionnelles et expérimentales.
Christophe Schenk
Catarina Barbieri a étudié l’art de la composition le plus pointu. Mais plutôt que de travailler avec un orchestre, elle s’est passionnée pour les fréquences de synthétiseurs – et continue à beaucoup expérimenter avec la forme. Résultat: de l’électro-expérimentale-composée. Basée sur des séquences répétitives et minimalistes – d’après les dires de l’artiste, en quête de l’onde et du son les plus purs possibles – sa musique se déploie dans une atmosphère méditative qui dissimule au premier abord toute la force et la complexité du travail de Barbieri. Ce qui ne gâche en rien son pouvoir d’attraction. Une œuvre pour les gens qui aiment le calme, la volupté et/ou Philip Glass.
Imaginez Kill Bill et La La Land réunis dans un seul long-métrage. Le clip de Khruangbin pour le morceau «Two Fish And An Elephant» cède à cette tentation: le trio texan met en scène au milieu d’un massacre la rencontre d’une Uma Thurman asiatique avec un Ryan Gosling afro-américain. Ils fusionnent rapidement en dansant sur cette musique ravissante… La musique de Khruangbin possède une force magique. Elle est inspirée du thaï-funk des années 60, des bandes sonores de Tarantino comme du surf rock. Elle transforme le terrain de la Kilbi en steppe américaine. La bière devient du Mezcal et la fille dans tes bras s’avère être une méduse.
Fabienne Schmuki
Un chœur traditionnel créé pour la télévision bulgare, découvert par un entrepreneur mélomane venu de Suisse, vendu comme une tradition ancestrale jusqu’aux USA, sur la route depuis, un millier de concerts tout autour de la terre, des millions de disques écoulés et un Grammy Award à la clef. Le mystère n’en est plus tout à fait un, mais fascine toujours autant, même la grande Lisa Gerrard, revenue de ses Dead Can Dance pour accompagner Le mystère des voix bulgares en concert.
Christophe Schenk
Le troisième album de James Holden, «The Animal Spirit», est le point culminant d’une transformation radicale: trendsetter de l’électro et DJ dans les années 2000, Holden s’affirme aujourd’hui en tant que musicien live et chef de bande hors pair ! C’est juste fou tout ce qui se passe sur «The Animal Spirit»- atmosphères, rythmes, jazz, éthno, électronique: check toute! En écoutant le disque, on est hypnotisé. Il a été enregistré lors de sessions monumentales en single takes et en huis clos. Attention: c’est une œuvre faite pour l’écoute attentive: pas de blablas, on se laisse envouter.
Sabine Ruch
Est-ce que c’est de la performance ou est-ce que sa place est sur scène ? Comme si on avait le choix! Le Lautsprecher Orchester, c’est les deux à la fois est même plus: la Kilbi à fonds la caisse. En guise de prologue, chaque jour, le festival démarre en trombe: trois scènes, trois journées, trois perfos. La quadriphonie, c’est dépassé, bébé. Ici, toute l’enceinte sert d’instrument. L’orchestre crache par tous les haut-parleurs disponibles et même au-delà. Il n’y a aucun moyen d’y échapper. Conseil de pro : se poster au milieu et se laisser envahir par ce suround-sound next level.
Thomas Jenny
Quand la légèreté de l’être parait tout à coup supportable, c’est qu’il y a un truc dans l’air. Et quand au Südpol de Lucerne, l’ambiance locale invite au rêve, on se sent vivre plus que jamais. Et pas n’importe comment. Alois ne laisse pas faner ce genre de belle fleur. Même des hipsters se couperaient la barbe pour atteindre ce genre de d’exploit. Plutôt de type bain moussant que douche froide. Des brins de menthe agrémentent les bouquets en plein boom qui fleurissent à l’entrée de la vie éternelle.
Sven Wälti
Fille de Coire, Martina Berther est d’abord apparue en tant que bassiste dans des groupes de hip-hop des Grisons. Aujourd’hui, elle est une side-woman très occupée dans la scène musicale suisse. Dans les années 80, Béatrice Graf était l’une des rares batteuses en Suisse. Son parcours comprend de l’afro, du jazz et du rock. Ensemble, elles sont Ester Poly. La basse est parfois doucement caressée, parfois violemment frappée, tandis que la batterie apporte des beats sans chichis avant de se mettre à faire des galipettes. Est-ce du jazz? Est-ce du rock? En tout cas, c’est original, honnête et fichtrement excitant.
Ivo Stritt
Deux pouces et un index: c’est tout ce qu’il faut pour produire des sons de cloches sur le Mbira, un instrument de tradition millénaire. Au Zimbabwe dans les années 70 cet instrument était perçu comme étant dangereux: quand Stella Chiweshe ou encore Ambuya Chinyakare (la grand-mère de la musique traditionnelle) apprenaient à jouer sur cet instrument, il était encore interdit aux femmes. Le régime colonial avait, de plus, interdit toute activité culturelle. Aujourd’hui, Chiweshe est installée à Berlin et fait figure d’ambassadrice des artistes venant de Zimbabwe. Elle répand son message de paix en forme de musique trance. Three fingers for peace!
Fabienne Schmuki
La mer déborde sur le détroit de Gibraltar quand les battements de basse sont assez puissants : Gibraltar Vacuum n’a jamais reculé devant les falaises, les passages maritimes dangereux ou encore devant le Roeschtigraben – la peur ne fait pas partie de son programme. L’alter ego encore peu connu de Feldermelder pourrait être plus dangereux que présumé. On cherchera vainement des traces de cette musique dans le Web. Ceux qui préfèrent leur techno noire et sans sucre se jetteront avec Gibraltar Vacuum dans les abysses du lac de Schiffenen – et peut être à leur propre perte!
Fabienne Schmuki
Le DJ et producteur zurichois, qui a trainé ses platines de Berlin au Montreux Jazz, se disant «issu d’une tribu de sorciers vaudous des Caraïbes et d’une famille de musiciens de Suisse centrale», a rapidement assimilé l’essence des vibrations musicales émanant de ce bel héritage métissé. Un temps DJ résident au Watergate à Berlin, il vient de rentrer à Zurich pour préparer son nouvel album et joindra ses forces à celle de Kalabrese pour un nouveau projet que l’on accueille. Force créatrice qui semble sans limites et laisse couler les rythmes blues, funk pour libérer les danseurs fous et heureux.
Laure Anne Cossu
Le Golden Dawn Arkestra d’Austin déballe tout un magasin de musique sur scène, avec des guitares, des basses, des batteries, des synthés, des orgues, beaucoup de percussions et d’instruments à vent, tout le tralala et des danseuses aussi. La musique devient une vraie célébration et l’on rend hommage à sa toute-puissance ou à Ra ou tout simplement au début de l’été et au fait d’être libre de ses mouvements. La fête respire l’ambiance de films à boules à facettes, à navettes spatiales, à lunettes de soleil improbables et à la peau dénudée. Elle est aussi truffée de citations et d’allusions au dieu soleil Ra et à Sly Stone, mais aussi à Slayer et Yello. Une fête incroyablement funky et dansante.
Frédéric Auderset
Quand on s’évertue à donner des détails biographiques inédits sur un artiste, cela peut avantageusement masquer la médiocrité d’un projet musical. Mais avec AIR LQD – le travail solo de Mehdi Kernachi – on peut plutôt le prendre comme un avertissement: ce type-là aime quand ça pète. À coup de boites à rythmes en surrégime, de samples distordus jusqu’à la moelle, d’installations sonores brutales et avec un mixage minimaliste, AIR LQD incarne la jonction entre la techno et la musique industrielle.
Roger Ziegler
Le travail du percussionniste Peter Conradin Zumthor nous plonge dans un film de Tarkowski : des halles industrielles et poussiéreuses déferlent devant nos yeux, les machines grésillent, grondent et tapotent. Ce percussionniste des Grisons est le fils de l’architecte archi-connu Peter Zumthor et – comme son père –fait partie des maîtres de son genre. Ses battements atteignent une vitesse ahurissante. Ses solos puissants sont hyper précis. Et bien que, d’après ses propres mots, la solitude l’inspire, ses collaborations diverses lui semblent procurer beaucoup de plaisir – Merz, Julian Sartorius ou encore Anna Trauffer en sont témoins.
Lena Rittmeyer
Il serait erroné de revendiquer Bonaventure en tant représentante suisse du passionnant projet de label de la diaspora africaine NON Worldwide étant donné que l’ancienne graphiste Soraya Lutangu a déjà quitté sa ville natale, Lausanne, depuis longtemps. Mieux vaut se concentrer sur ses tracks qui mettent du groove dans des thématiques politiques bien deep – racisme, sexisme et inégalités sociales – trop importantes pour l’artiste pour qu’elle ne se serve pas de sa musique comme manifeste, tandis que d’autres croient encore possible de faire du son «apolitique».
Roger Ziegler
La musique vous laisse parfois le cul par terre ou élargit vos horizons, elle peut déconstruire votre propre vision du monde ou alors vous donner accès à la quatrième dimension. UUUU fait un peu de tout cela en même temps: les membres de Wire, Coil & Tomaga vous font éclater le cerveau avec leurs expérimentations musicales qui donnent lieu à des anti-hymnes épiques, répétitifs et puissants. L’album épique, qui porte le nom du groupe, fait preuve de polyvalence avec des titres en anglais, en allemand et en italien, avec une variabilité stylistique et une hybridité inattendue entre le présent et le futur. Thank you, merci, grazie UUUU!
Si Fat White Family faisait la rencontre de Paranoid London et d’Insecure Men, servirait-on du thé et des biscuits? Bien-sûr que non! Laisser aller et laisser faire: Laisser voler les cheveux au rythme des grooves insolites et danser sans retenue, cuire à petit feu les tympans au son aigu des guitares et finalement perdre lentement la raison avec les voix surexcitées et amplement résonnantes. Le tout est peaufiné de sonorités psychédéliques, qui fondent sur la langue comme de la colle thermo fusible. Warmduscher: aux frontières de l’hygiène personnelle et du garage-kraut.
Samuel Riedo
Voilà de la «transe» au sens propre: une musique qui «dans son ascension plonge le sujet dans un total oubli de soi» (Friedrich Nietsche – La naissance de la tragédie à partir de l’esprit de la musique). La qualité dionysiaque des rythmes répétitifs ougandais rencontre la perfection apollonienne de l’électronique britannique. L’analogue fond dans le digital, l’archaïque coule dans le futuristique, des motifs tambourinés et des nappes synthétiques s’unissent dans la perspective d’une extase collective. Nihil obstat!
Thomas Jenny
On pourrait citer noter une multitude de références, mais on ne veut pas. On vous laisse deviner – TI, MG, UMO, MS – pour se tourner vers une conversation avec un cousin: «Que penses-tu de Nick Hakim?». Ma réponse: «Un niveau élevé sur toute la ligne. Je pense que son originalité consiste à réussir des assemblages et des superpositions géniales en s’inspirant de toutes les influences possibles». «Vas faire ton malin!» je me vois répondre à moi-même dans la peau de mon cousin. Hakim, établi à Washington, est un funk soul brother du genre jouissif avec une voix chaleureuse et doté d’un grand talent pour la reconstruction de mélodies déjà existantes. Il s’amuse bien, en préférant les parties à la somme.
Mario Corpataux
Quand Tshegue entrent en scène, les crises de danse épileptiques sont inévitables. Sans surprise, car le duo franco-congolais sert un savant mélange de drum beats secs, percussions tribales et guitares garage-rock avec en plus la voix sans fioritures de Sy Savanet. L’ensemble est une telle explosion d’énergie que la catégorie afro punk semble pour une fois parfaitement appropriée. Une musique intense au pouls de l’époque.
Damian Hohl
D’emblée on est décontenancé. John Maus échappe aux catégories. Un géant frénétique. Une allure de professeur d’université. L’homme scande de courtes phrases rebondissantes au gré des flux sonores 80’s de la musique. Des nappes de claviers, des textures synthétiques. Une ambiance de film de science-fiction, de mélancolie urbaine, de chambres de motels tristes aux téléviseurs déglingués… Sous l’apparence faussement simple de cette réalité-là se cache un assemblage sonore savamment constitué et un grand érudit. La rencontre fortuite de Twin Peaks et de Gilles Deleuze dans les champs de la Kilbi…
Texte: Dejan Gacond
La dernière disco ici-bas. Des corps déchaînés qui s’abandonnent au Groove trippant et entraînant fait de Post Punk et de Goth Wave. Mais Exploded View se hasarde aussi dans l’au-delà. Presque léthargique et réfrigérante, la voix d’Annika Henderson flotte au-dessus de scènes surréalistes et de crépuscules sanglants, dont la beauté annihile tout le reste. Le tout est soutenu par les envolées improvisées du groupe, ce qui rend la note ardemment désirée irrévocable. C’est les yeux fermés et la braise au corps qu’on s’y perd le mieux. Alors à quoi bon combattre? Avec Exploded View on danse jusqu’au délabrement. Pour toujours.
Valentin Brügger
Héraults hybrides des années pop 2.0, les Américains concassent les époques et les influences avec une aisance et un naturel désarmant. The Velvet Underground, Sonic Youth, My Bloody Valentine ou Spacemen 3, Deerhunter sait tout, à la manière d’un compte Spotify avant l’heure, et fait tout mieux que personne, sans jamais se perdre dans l’imitation ni le numéro d’enfant prodige. C’est peut-être ça le secret de la passion.
Christophe Schenk