Editorial
La meilleure façon de visiter un festival, c’est dans l’imagination. Si la nourriture ne vous plaît pas, ou si vous vous retrouvez dans la boue jusqu’aux genoux, il vous suffira de continuer. A cheval vous surmonterez les erreurs et les prés. De temps en temps, vous entrerez dans un bar, où tout sera encore comme d’antan. Il est possible de faire ça lentement, authentiquement et différemment. Cela sent. Chère culture bourgeoise, chers membres de la famille des mélomanes pop, chères désintéressées, chers désintéressés. Il est bien stimulant de se passionner dans le calme, et c’est un privilège d’y mettre un peu de bruit et de mouvement. Certains y vont à fond; il n’y aura que la vie qui compte. Le Kilbi aime presque chacune et chacun, pourvu qu’elle ou il fasse la fête avec lui.
Le Kilbi est un festival de musique de vieilles chaussures. Au bord de la merde, où la couleur du ciel change toutes les cinq minutes, où la clôture ne sert qu’à tenir debout l’entrée, et où les gens du village ne pensent qu’à ça: «Mais que pensent donc ces gens?». C’est où nous sommes. En pleine possession de notre propre folie. Tant que les chats sauvages à trois pattes dont la vision ne dépasse pas les quatre pour cent seront des nôtres, nous considérons que la gentrification est bien remise à sa propre place.
La gamme de la boutique du No.27 vous offre de la musique sortant des niches de toutes sortes. Monumental et puissant, l’œuvre d’art stoner-doom SLEEP trône à côté du rap et des beats de PRINCESS NOKIA ou THIS IS NOT THIS HEAT. L’attaque techno du bizarre JACQUES sera impressionnante. ANGEL OLSEN fait des tours de magie et OOIOO opèrent les batteries du spectacle. OLIVER COATES de la London Sin- fonietta dominera la piste de danse, et le glamrock qui tue de KING GIZZARD AND THE LIZARD WIZARD carbure aux deux drums et aux quatre guitares. Des danses africaines, du post-punk, des chansons d’amour de la frontière, des flashs strobo, du dub, du kraut et des orages de tambours répétitifs et précis nous mèneront à travers des espaces sonores flous et se termineront dans les plus belles boucles mélodiques.
Le silence est d’argent, le chant est de l’or. De telles phrases, nouvelles ou à l’ancienne, se trouvent dans nos cookies de fortune. La typographie utilisée est un morphing d’ésotérisme ou de spiritualité avec des signes celtiques tels que les groupes de métal les chérissent tant. Ces identités représentent les forces invisibles et extraordinaires de cette histoire bilingue près du lac.
Nous ne connaissons pas le week-end, du moins pas son nom. Cette année, le dimanche est de la partie. L’art de l’heure est au plus grand nombre, aux touristes, au public et au-dessus de tout, juste sous le toit avec l’étoile, notre TEAM. Rien n’est original, mais cette équipe d’hommes avec toutes ses femmes sera la vedette. Le grand char du festival.
Le plus beau, c’est de balancer quand on est menacé de perdre l’équilibre. Quand on comprend quelque chose, il est généralement trop tard.
Perdus, heureux et volontiers, nous allons à la rencontre de la bonne musique. Debruit-toi! Et tant pis, si le temps passe.
Tonverein Bad Bonn
Daniel Fontana